apercevoir. Midi venait de sonner ; on se mit à table.
Rien d’aussi propre, d’aussi recherché que le
repas offert par l’amitié, disait madame Moreau.
Celle qu’elle avait pour le jeune profès était très-vive ;
et il y répondait avec une onction et un respect
qui désespéraient la veuve. Le frère offrit ses
hommages à la jeune fille, qui, selon toute apparence,
dans le premier moment, pour chercher à
donner de la jalousie au révérend, répondit à ses
agaceries avec infiniment de bienveillance. La
mère, tout occupée du frère aîné, causait avec
lui de tout ce qui l’intéressait. C’était une manière
de bel esprit ; elle lui parla de sa bibliothèque, et
sans penser que sa fille restait seule avec M. Durolet,
elle amena le moine dans un petit cabinet
charmant, qui était à côté de sa chambre à coucher.
Séraphin profita de cette absence, déclara
à Joséphine Moreau la vive impression qu’elle
avait faite sur lui, lui assura que ses vues n’avaient
rien qu’elle ne pût écouter avec honneur,
mais qu’il faudrait qu’elle lui accordât un moment
d’entretien, où il put lui développer ses plans. Il
lui demanda la permission de lui écrire. — Impossible,
dit-elle ; mais pour vous parler, je le puis le
matin à huit heures, lorsque je vais chez ma maî-
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