Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/175

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dîner ; quels douloureux regards elle lançait sur mademoiselle Précieux ! Durolet, qui ne se doutait de rien, ne concevait point d’où venaient les gestes d’intelligence qu’il apercevait entre elle et celle qui fut sa maîtresse et qui était en outre la mère de son enfant. À peine était-on au dessert que madame Moreau dit à sa fille, avec le ton agréable dont elle lui parlait toujours : Eh bien, est-ce que vous n’entendez pas ? le dernier coup du sermon est sonné ; faut-il toujours vous faire dire la même chose ? Gotton, êtes-vous prête ? — Madame, répond la servante la bouche pleine, j’achève de dîner. — Vous dînerez tantôt ; vous ne trouveriez plus de place. — Joséphine s’était levée pour prendre son mantelet, ses gants, son Paroissien et son éventail ; elle fit une profonde révérence et sortit. Elle avait l’air si inquiet, si troublé, que Durolet, quelque fortifié qu’il fût par le père gardien, ne put s’empêcher de soupirer en pensant aux maux qu’il lui faisait souffrir ; mais se rappelant avec quelle facilité elle avait donné dans le piége, il trouva qu’il y avait autant de sa propre faute que de la sienne, et reprit la gaieté que la bonne chère sans excès inspire toujours. Mais mademoiselle Précieux donna bientôt un