Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/181

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parer autant qu’il est en lui le tort de son frère, quoiqu’il ait assuré à votre mère qu’il n’en avait point, se charge du nouveau-né et l’adopte pour son fils. — Ainsi, il ne faut plus penser qu’à vous tranquilliser et oublier un scélérat qui s’est joué de votre innocence. La pauvre petite pleura beaucoup. Mais il n’appartient qu’aux âmes énergiques d’avoir des douleurs inconsolables, et celle de mademoiselle Moreau n’était nullement de cette trempe, ou du moins rien ne l’avait développée. Elle prit donc son mal en patience et resta tranquille, renfermée chez son amie, les trois derniers mois de sa grossesse. Enfin son terme arriva. Elle mit au monde un garçon, que mademoiselle Précieux tint sur les fonts du baptême, avec un fils d’une de ses amies, nommé Fontaine. Il se faisait nommer chevalier et avait un brevet de lieutenant de milice, qui lui donnait le droit de porter un plumet et une épée, ce que les bourgeois de ce temps-là ne se permettaient pas. Il faisait sa cour à mademoiselle Précieux, qui, malgré ses médiocres talents, était fort à son aise, et comptait réparer avec elle tout ce qu’il avait perdu au jeu et mangé avec ses maîtresses. Les femmes sages, en général, ne haïssent pas les hommes qui ont