Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/187

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sent pas des occasions favorables ; au reste, point de rendez-vous ; la plus sévère retenue en public, et par les menaces de ne pas mettre les pieds chez elle si elle fait la moindre extravagance, je la forcerai bien à la discrétion. Oui, mais elle aime ce Fontaine. Bah ! ces femmes-là n’aiment que le plaisir. Allons trouver la dévote et tâchons de la faire consentir à ce mariage ; car enfin à chose faite, conseil pris ; elle aura beau crier, tempêter, sa fille n’en est pas moins enlevée, et il n’y a plus qu’à la marier.

Fortifié par ces vertueuses réflexions, il se rend chez madame Moreau, qui est fort étonnée et charmée de le voir. — Dieu ! de si bonne heure ! (car ordinairement il n’arrivait chez elle que sur les six heures, pour faire son quadrille). Eh ! mon Dieu, mon révérend père, qui me procure la satisfaction de vous voir deux heures plus tôt qu’à l’ordinaire ? — Ma respectable amie, ma vive amitié. Je voudrais bien que vous me permissiez de traiter avec vous un sujet sur lequel vous m’imposez silence depuis longtemps. — La dévote devint rouge, son sein palpita ; et croyant que son chaste ami avait de mauvaises pensées, elle lui dit d’un ton de voix atterré : Épargnez-moi, de grâce, trop