Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 14 —


à l’envi, de sorte que j’étais obligé d’aller me décharger de temps en temps du vin, du pain, de la viande, etc., que l’on m’avait donnés. Comme nous avions des femmes dévotes dans notre ordre, répandues dans presque tous les quartiers, c’était chez elles que je faisais mes dépôts. Le frère Félix ne se donnait la peine que deux fois par an d’aller rendre visite aux personnes qui nous donnaient les vivres. C’est alors qu’il composait son visage pour avoir l’air de paraître changé et défait. Il n’était jamais entré en conversation avec un de nos bienfaiteurs, et nous faisait une peinture de l’extrémité où la communauté se trouvait réduite, mais une peinture si touchante, qu’il accompagnait de larmes, si bien qu’il y a peu de personnes qui ne se laissassent toucher, et consentaient à être inscrites sur la liste des bienfaiteurs du couvent, afin de participer aux prières continuelles qu’il disait qu’on ferait pour leur prospérité.

Il connaissait tous les commissaires de Paris et savait gagner leurs bonnes grâces pour qu’ils donnassent à notre couvent les confiscations de pain et de viande qui se font si fréquemment dans Paris.