Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/21

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Mon devoir était, lorsque le père Félix avait fait sa visite, d’aller avec une copie de sa liste chercher les provisions de bouche. Nous en amassions trois fois plus qu’il ne nous en fallait, quoique le nombre des capucins s’élevât à près de trois cents, répartis en quatre couvents de notre ordre.

Après avoir exercé quatre ans les fonctions de quêteur, je priai le provincial de vouloir bien me donner un autre emploi. Ce révérend père, satisfait du compte exact que je lui rendis de tout ce que j’avais fait, me fit son compagnon extraordinaire, et me promit que je ne ferais rien qu’à ma volonté. J’acceptai avec plaisir ce nouvel emploi, sans en prévoir les suites fâcheuses. De son côté, le provincial ne prévoyait pas que je découvrirais la vie licencieuse et débauchée qu’ils mènent, et les ruses qu’ils emploient pour parvenir à leurs desseins.

Lorsqu’ils sortent, ils ont bien soin d’ordonner leur couronne de bien peigner et friser leur barbe. Ils se lavent les mains, les pieds et les jambes avec des herbes odoriférantes. Ils prennent des caleçons blancs qu’ils appellent mutandes, se rasent le poil des jambes, se munissent de cachets en devises, de tablettes, d’étuis garnis, de ci-