Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/279

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coutume à Madrid, cela doit vous suffire. Ôtez donc votre voile. Obéissez-moi sur-le-champ, Antonia ; vous savez que je n’aime point la contradiction.

La nièce ne répondit pas, et elle ne s’opposa plus aux efforts de don Lorenzo, qui, fort de l’approbation de la tante, se hâta d’enlever le voile. La plus jolie figure se présenta alors à son admiration, ce qu’on peut appeler une vraie tête de séraphin. Cependant, elle était plus jolie que belle ; le charme provenait moins de la régularité de ses traits que de l’air de douceur et de sensibilité répandu dans toute sa physionomie ; elle paraissait âgée tout au plus de quinze ans. Chaque partie de son visage prise séparément n’était point parfaite ; mais le tout était adorable. Sa peau n’était pas totalement exempte de taches ; ses yeux n’étaient pas fort grands ; ses paupières n’étaient pas extraordinairement longues ; mais ses lèvres avaient la fraîcheur de la rose. Son cou, sa main, son bras, tout était parfait. Ses yeux étaient doux et brillants comme le ciel. Un sourire fin, qu’on voyait errer sur ses lèvres, annonçait une aimable simplicité, que comprimait visiblement son excessive timidité. L’embarras de la modestie se peignait dans tous ses regards, et lorsqu’il rencon-