Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/280

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trait par hasard ceux de Lorenzo, aussitôt on les voyait retomber sur son rosaire. Ses joues se coloraient ; elle disait alors son chapelet avec beaucoup d’attention, comme on peut le croire.

Lorenzo tenait ses yeux fixés sur elle avec un mélange de surprise et d’admiration. Leonello crut devoir faire quelques excuses sur la timidité puérile de sa nièce.

— C’est une enfant, dit-elle, qui n’a jamais vu le monde. Elle a été élevée dans un vieux château de Murcie et n’a jamais eu d’autre société que celle de sa mère, qui, Dieu lui fasse paix, n’a pas le sens commun, quoiqu’elle soit ma sœur et de père et de mère.

— Et elle n’a pas le sens commun ! dit don Christoval avec un feint étonnement ; cela me paraît fort extraordinaire.

— Oh ! c’est un fait, monsieur ; et cependant, voyez comme certaines gens ont du bonheur ! Un jeune seigneur d’une des premières maisons de Madrid s’avisa de trouver que ma sœur avait de l’esprit et qu’elle était jolie. Pure chimère ! Ma sœur avait à la vérité des prétentions à tout cela ; mais moi, qui la connais, je sais bien qu’elle n’avait ni esprit ni beauté, et j’ose me flatter que si j’avais