bonheur ; jamais peut-être un moment plus opportun
ne s’offrirait. Ah ! laissez-vous toucher par
le plus vif et le plus tendre amour. En finissant
ces mots, il pousse la hardiesse à prendre un
baiser sur la bouche de la dame. Celle-ci, reprenant
un peu ses esprits, lui répond qu’elle ne
croyait pas que les capucins eussent des désirs si
contraires à ce qu’ils enseignaient. Pouvais-je
croire, monsieur, que vous, qui tous les jours
dans vos sermons vous déchaînez contre les voluptueux,
vous me feriez de semblables propositions ? —
Hélas ! madame, que vous connaissez mal
les forces de l’amour si vous croyez qu’il soit au
pouvoir d’un homme d’y résister. Non, madame,
continua-t-il en l’embrassant et la pressant contre
son cœur, ne me considérez pas comme un religieux,
mais comme un amant fidèle et sincère, qui
fait consister son unique bonheur dans la possession
de vos charmes.
Ces paroles tendres surprirent cette dame ; elle vit dans les yeux du moine les preuves du feu qui le consumait. L’espoir de la jouissance dans les bras du capucin amoureux, le désir de la vengeance, les négligences de son mari, firent oublier son devoir à cette dame ; elle céda. Le capucin, étant