Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/281

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 126 —


pris pour plaire la moitié autant de peine… mais ce n’est pas là ce dont il s’agit. Je disais donc, monsieur, qu’un jeune seigneur devint amoureux d’elle et l’épousa à l’insu de son père. Leur union resta secrète pendant plus de trois ans ; mais enfin le vieux marquis, fort mécontent en apprenant cette nouvelle, prit aussitôt la poste pour Cordoue, résolu de faire arrêter Elvire et de l’envoyer si loin qu’on n’en entendît jamais parler. Quel tapage il fit, grand Dieu ! lorsqu’en arrivant il trouva qu’elle s’était échappée, qu’elle était allée rejoindre son mari et qu’ils venaient de s’embarquer l’un et l’autre pour les Indes occidentales. Il jura, tempêta contre nous tous, comme s’il eût été possédé du malin esprit ; il fit jeter mon père dans une prison, mon père qui, j’ose le dire, était bien le plus honnête cordonnier qui fût dans Cordoue ; et quand il nous quitta, il eut la cruauté de nous enlever le petit garçon de ma sœur, un enfant de deux ans que, dans la promptitude de sa fuite, elle avait été forcée de nous laisser. J’ai tout lieu de présumer qu’il en a très-mal agi avec le pauvre enfant, car nous avons reçu peu de mois après la nouvelle de sa mort.

— C’était, madame, un méchant vieillard que ce marquis là, dit don Christoval.