un vieux château qui avait été autrefois la demeure
favorite de son fils aîné, et que, pour cette
raison, le vieux marquis laissait tomber en ruines.
Ma sœur accepta la proposition et se rendit en
Murcie, où elle est restée jusqu’à la fin du mois
dernier.
— Et quelle affaire l’a conduite à Madrid ? dit Lorenzo, qui avait écouté avec le plus vif intérêt le récit de Leonello.
— Hélas ! monsieur, son beau-père vient de mourir ; l’intendant du château de Murcie a refusé de lui payer plus longtemps sa pension. Elle vient d’arriver à Madrid dans l’intention d’adresser ses sollicitations au jeune marquis ; mais je crains qu’elle n’ait pris une peine inutile. Vous n’avez jamais trop d’argent, vous autres jeunes seigneurs, et vous n’êtes jamais disposés à vous en dessaisir en faveur des femmes, lorsqu’elles sont un peu âgées. J’avais conseillé à ma sœur de charger Antonia d’aller présenter sa demande ; mais elle a rejeté mon conseil. Elle est si obstinée ! Antonia, avec sa jolie petite figure, aurait pu obtenir tout ce qu’elle aurait demandé.
— Et pourquoi, dit don Christoval d’un ton ironiquement passionné, s’il faut une jolie figure, votre sœur n’a-t-elle pas recours à vous ?