Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/286

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enthousiasme. Nos grands d’Espagne le comblent de présents ; leurs femmes ne veulent que lui pour confesseur ; il est connu par toute la ville sous le nom de l’homme de Dieu.

— Il est sans-doute, monsieur, d’une illustre origine, dit Leonello.

C’est ce qu’on ne sait point. Le dernier prieur des dominicains le trouva, comme il était encore enfant, à la porte de son couvent ; on fit d’inutiles recherches pour découvrir qui l’avait laissé là ; il a été élevé dans le monastère. On a remarqué en lui dès son enfance beaucoup de goût pour l’étude et la vie retirée, et aussitôt qu’il a été en âge, il a prononcé ses vœux. Personne depuis n’est venu le réclamer, et l’on ignore encore le secret de sa naissance. Les moines, charmés d’entretenir le crédit que donnent à leur couvent les talents de cet homme, n’ont pas hésité à publier que c’est un présent qui leur a été fait par la Sainte-Vierge. Il faut avouer que la singulière austérité de sa vie donne à cette fable un air de probabilité. Il est à présent âgé d’une trentaine d’années. Toutes les heures de sa jeunesse ont été consacrées à l’étude, dans un isolement absolu de la société et dans de continuelles mortifications. Nommé prieur de sa