Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/291

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s’en saisit, et chacun s’efforça d’en avoir un grain pour le conserver comme une précieuse relique. On ne se serait pas disputé plus vivement le chapelet du grand saint Dominique. Souriant de voir leur empressement, le religieux leur donna sa bénédiction et les quitta. L’humilité la plus profonde se peignait en ce moment dans tous ses traits. Était-elle aussi dans son cœur ?

Antonia le suivit des yeux tant qu’il lui fut possible. Il lui sembla, quand la porte se ferma sur lui, qu’elle venait de perdre un objet essentiel à son bonheur, et ses yeux, à son insu, se mouillèrent de larmes.

Comme elle portait son mouchoir à ses yeux, Lorenzo observa son attendrissement.

— Êtes-vous contente, lui disait-il, et pensez-vous que l’on se fasse à Madrid une trop haute idée de ses talents.

Le cœur d’Antonia était rempli d’admiration pour l’homme de Dieu ; elle se trouvait disposée à parler de lui. Lorenzo, d’ailleurs, n’était plus pour elle un inconnu.

— Oh ! cet homme, répondit-elle, a surpassé toutes mes espérances. Je n’avais encore aucune idée du pouvoir de l’éloquence ; mais dès qu’il a parlé, sa