Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/301

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mées. Les faibles lueurs du crépuscule perçaient avec peine la gothique obscurité de ce vaste édifice. Entraîné par ces réflexions, occupé d’Antonia, dont l’absence lui était déjà pénible, de sa sœur, dont le propos de Christoval lui retraçait le douloureux sacrifice, Lorenzo se livra à une foule d’idées mélancoliques que nourrissait encore l’aspect religieux des objets dont il était environné. Toujours appuyé contre le septième pilier, il respirait avec une sorte de volupté l’air frais qui circulait entre les longues colonnades. Bientôt les rayons de la lune passant à travers les vitraux teignirent de mille diverses couleurs les voûtes et les énormes pilastres qui soutenaient la coupole. Le profond silence de ces lieux n’était interrompu que par le bruit de quelques portes que l’on fermait dans le couvent des dominicains. Lorenzo s’assit sur une chaise qui se trouvait près de lui et s’abandonna à ses rêveries. Antonia était le principal objet de ses pensées ; il songeait aux obstacles qui pourraient traverser leur union, aux moyens qu’il emploierait pour les surmonter. Naturellement méditatif, la tristesse même de ses réflexions n’était pas pour lui sans quelque douceur. Il s’endormit, et bientôt des rêves analogues à sa situa-