Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/308

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— Fort bien, se dit en lui-même Lorenzo, je découvrirai peut-être à qui s’adressent les vœux de ce mystérieux étranger.

Don Christoval avait à peine cessé de parler, lorsque l’abbesse de Sainte-Claire parut suivie d’une longue file de religieuses. Toutes en entrant levèrent leurs voiles. L’abbesse traversa la nef les mains croisées sur sa poitrine, et fit une grande révérence comme elle passait devant la statue de saint Dominique, patron de cette église. Les autres nonnes l’imitèrent, et plusieurs passèrent sans satisfaire la curiosité de Lorenzo. Il commençait à désespérer de voir ses doutes éclaircis, lorsqu’une jeune religieuse qui se trouvait dans les derniers rangs, en se prosternant devant saint Dominique, feignit de laisser tomber son rosaire ; mais en le ramassant elle tira avec beaucoup de dextérité la lettre de dessous le pied de la statue, la cacha dans son sein et reprit son rang à la procession.

— Elle est jolie, dit tout bas Christoval, qui, à l’aide d’un rayon de lumière, avait pu voir son visage, et je suis bien surpris s’il n’y a pas ici quelque amourette sous jeu.

— C’est Agnès, par le ciel ! s’écria Lorenzo.

— Quoi ! votre sœur ? ah, diable ! l’affaire devient plus grave que je ne l’imaginais.