Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/344

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tait dans le cœur de l’hiver, au commencement de la nuit, et point de ville plus proche que Strasbourg, dont nous étions, au rapport du postillon, encore éloignés de plusieurs lieues. Il me sembla, qu’à moins de passer la nuit dans la forêt, je n’avais d’autre ressource que de prendre le cheval de mon domestique et de courir jusqu’à Strasbourg, expédient très-peu agréable dans la saison où nous étions. Cependant, faute de mieux, je me déterminai à prendre ce parti ; je communiquai mon dessein au postillon, et lui dis qu’en arrivant à Strasbourg je lui enverrais du monde pour le tirer d’embarras. Je ne me fiais pas beaucoup à son honnêteté ; mais comme il était déjà avancé en âge et Stephano, mon domestique, bien armé, je crus pouvoir sans risque laisser mon bagage.

Par bonheur, du moins je le pensais alors, il se présenta une occasion de passer la nuit plus agréablement que nous nous n’osions l’espérer. En m’entendant parler de me rendre seul à Strasbourg, le postillon secoua la tête, comme ne paraissant pas approuver mon dessein.

— Il y a bien loin, me dit-il, et vous aurez beaucoup de peine à arriver sans guide ; d’ailleurs, monsieur me semble peu accoutumé à un