Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/351

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monsieur ; il faut peu de chose pour la mettre de mauvaise humeur, et elle est un peu piquée contre vous de ce que vous lui avez supposé plus de trente ans. C’est la vérité, n’est-ce pas, Marguerite ? Vous savez, monsieur, que les femmes ne plaisantent jamais sur cet article. N’y pensez plus, Marguerite, et déridez-vous un peu. Si vos enfants ne sont pas encore aussi âgés, ils le seront dans une vingtaine d’années, et j’espère que nous vivrons assez pour les voir devenir d’aussi braves garçons que Jacques et Robert.

— Bon Dieu ! s’écria Marguerite en joignant les mains avec transport, bon Dieu, si je le croyais, je les étranglerais moi-même.

Elle quitta aussitôt la chambre et monta l’escalier.

Je ne pus m’empêcher de témoigner au bûcheron combien je le plaignais d’être lié pour la vie avec une femme de ce caractère.

— Oh ! monsieur, chacun a sa part de souffrances dans ce monde, et Marguerite est la mienne. Après tout, elle n’est que maussade et point méchante ; le pire est que son affection pour deux enfants qu’elle a eus de son premier mari lui fait haïr mes deux garçons ; elle ne peut supporter leur