porte de la chaumière, et là regardant de tous côtés
avec inquiétude :
— Sans doute, s’écria-t-il, c’est ce maudit vent de bise qui retient mes enfants. Je m’étonne qu’ils ne soient pas encore de retour. Monsieur, j’ai à vous faire connaître deux des plus beaux garçons que vous ayez encore vus ; l’aîné a vingt-trois ans et le cadet un an de moins ; vous ne trouveriez pas dans les environs de Strasbourg leurs égaux en bon sens, en courage et en activité. Ils devraient déjà être ici ; je commence à craindre qu’il ne leur soit arrivé quelque chose.
Marguerite, pendant ce temps, était occupée à mettre le couvert.
— Et vous, lui dis-je, êtes-vous aussi inquiète pour vos enfants ?
— Moi ! répondit-elle avec aigreur, ce ne sont pas mes enfants.
— Allons, allons, Marguerite, dit le mari, n’en voulez pas à monsieur pour vous avoir fait une question si naturelle ; si vous ne nous regardiez de travers, il n’aurait jamais pensé que vous fussiez d’âge à avoir des enfants de vingt-trois ans ; mais vous voyez combien l’air maussade et rechigné vous vieillit. Excusez l’impolitesse de ma femme,