Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/368

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La permission que notre hôte demandait lui fut accordée sans peine. On se mit à table. La baronne et moi nous occupâmes un côté. Les deux jeunes gens s’assirent vis à-vis de nous, le dos tourné vers la porte. Baptiste prit sa place au haut de la table, ayant la baronne à sa droite ; le couvert qui était à côté de lui fut réservé pour sa femme. Un instant après elle entra dans la chambre et nous servit un bon repas de paysan, simple mais propre à satisfaire l’appétit. Notre hôte crut devoir s’excuser du mauvais souper qu’il nous faisait faire ; il n’avait pas été prévenu de notre arrivée, et il ne pouvait nous offrir que les provisions faites pour sa famille. Mais, ajouta-t-il, si quelqu’accident devait retenir chez moi mes nobles hôtes plus longtemps qu’ils ne le croient, j’espère que je pourrais les mieux traiter.

Le scélérat ! je savais trop bien de quel accident il voulait parler, et je frémis à la manière dont il voulait nous traiter l’un et l’autre.

Ma compagne de danger semblait entièrement consolée de n’être pas à Strasbourg ; elle riait et causait fort gaiement avec la famille. Je tâchais, mais en vain, de suivre son exemple. Ma gaieté était évidemment forcée, et Baptiste s’en aperçut.