Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/367

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au moyen de quitter la maison et de courir à la grange avertir les domestiques du dessein de notre hôte ; mais je fus bientôt convaincu de l’impossibilité d’exécuter ce projet. Jacques et Robert suivaient tous mes mouvements d’un œil attentif, et il me fallut renoncer à cette idée. Toute mon espérance se borna enfin à ce que le coquin de Claude ne trouvât plus les bandits à la caverne. Dans ce cas, ainsi que je l’avais entendu, on devait nous laisser partir sains et saufs.

Je tressaillis malgré moi à l’instant où Baptiste entra dans la chambre. Il nous fit beaucoup d’excuses de sa longue absence. Ensuite il nous demanda pour sa famille la permission de se mettre à table avec nous. Oh ! combien dans mon cœur je maudis l’hypocrite ! Quelle horreur je sentais pour un homme qui était au moment de m’arracher la vie, et dans un temps où tout me la rendait si chère. J’étais jeune et riche, j’avais un rang, de l’éducation, et devant les yeux un avenir séduisant. Je voyais cette carrière près de se fermer pour moi de la manière la plus horrible ; et cependant j’étais obligé de dissimuler et de recevoir avec l’air de la reconnaissance de feintes civilités de la part de celui même qui tenait le poignard levé sur mon sein.