On appela un médecin, qui prescrivit une potion
propre à combattre le breuvage assoupissant, et
qu’il lui fit verser dans la gorge. Le baron, après
avoir confié sa femme aux soins de l’hôtesse, me
pria de lui raconter les détails de notre aventure ;
je satisfis aussitôt à sa demande, car il m’eût été
impossible de me livrer au sommeil, dans l’inquiétude
où j’étais sur le sort de Stephano, que j’avais
été forcé d’abandonner à la furie des brigands. Je
ne fus pas longtemps sans apprendre que ce fidèle
domestique avait péri. Les dragons qui avaient
poursuivi la bande revinrent, tandis que je faisais
au baron le récit qu’il m’avait demandé. D’après
le rapport du commandant, nous n’eûmes plus à
douter de la défaite des brigands. Le crime et le
vrai courage sont incompatibles. Ils s’étaient jetés
aux pieds des soldats et s’étaient rendus sans faire
la moindre résistance. Ils avaient renseigné leur
retraite, indiqué le mot d’ordre qui livrait le
reste de la troupe ; en un mot, ils avaient donné
toutes les marques possibles de bassesse et de lâcheté.
De cette manière toute la bande, composée
d’environ soixante scélérats, avait été prise, garrottée
et conduite à Strasbourg. Quelques soldats,
ayant un des bandits pour guide, allèrent à la
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