Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/388

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 68 —


voir se développer les naissantes vertus de mon cher Théodore.

Telle était ma situation, lorsque don Alphonso fut conduit à la chaumière par son perfide postillon. Son air, sa jeunesse, ses manières m’intéressèrent vivement à lui. L’absence des deux fils de Baptiste me fournit une occasion que depuis longtemps je désirais trouver, et je résolus de tout risquer pour sauver don Alphonso. La vigilance de Baptiste ne me permettait pas de l’avertir des dangers qui l’entouraient. Je savais que le moindre mot échappé eût été suivi de ma mort, et quelque pénible et douloureuse que fût ma vie, je n’avais pas assez de courage pour sauver celle d’un autre à mes dépens. Ma seule espérance était de nous procurer du secours de la ville ; c’est ce que je résolus de tenter, bien décidée en même temps à prévenir don Alphonso du piège qu’on lui tendait, si j’en pouvais trouver l’occasion. Sur l’ordre de Baptiste de préparer un lit, j’y mis des draps encore teints du sang d’un voyageur égorgé quelques nuits auparavant. J’espérai qu’à cette vue don Alphonso ouvrirait les yeux sur les funestes projets de Baptiste. Je ne m’en tins pas là. Théodore était retenu au lit par une indispo-