Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/390

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qu’il prenait toujours, dans la crainte que le désespoir ou l’impossibilité de fuir ne portassent les voyageurs à vendre chèrement leur vie.

Le baron pria Marguerite de l’instruire du parti auquel elle comptait s’arrêter. Je me joignis au baron et j’assurai Marguerite de tout mon empressement à lui prouver ma reconnaissance pour la vie qu’elle m’avait conservée.

— Dégoûtée du monde, dans lequel je n’ai trouvé que des malheurs, nous répondit-elle, mon projet est de me retirer dans un couvent ; mais avant tout je dois songer à mes enfants. Ma mère n’est plus et je crains bien que ma fuite n’ait avancé le terme de ses jours. Mon père vit ; ce n’est pas un homme insensible. Peut-être, messieurs, malgré ma faute et mon ingratitude, votre entremise en ma faveur pourrait-elle l’engager à me pardonner et à prendre soin de ses malheureux petits-fils. Si vous m’obtenez cette faveur de mon père, vous me rendrez service bien au-delà de celui que je vous ai rendu.

Nous protestâmes à Marguerite que nous ferions tous nos efforts pour fléchir son père ; et que, dût-il rester inflexible, elle pouvait être tranquille sur le sort de ses enfants. Je m’engageai à prendre