Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/427

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tations, flatteries, promesses ; tout fut inutile. Après avoir épuisé ma rhétorique, je renonçai aux moyens de douceur.

— Eh bien, lui dis-je, las de sa résistance, votre obstination trouvera sa punition. Il me reste un seul moyen de sauver Agnès, de me sauver moi-même ; vous m’y forcez et je n’hésiterai pas à l’employer.

Épouvantée de cette menace, Cunégonde fit de nouveaux efforts pour sortir du pavillon ; mais alors je la saisis par le milieu du corps et la retins de force. Au même instant Théodore étant entré, je pris le voile d’Agnès et me hâtai d’entortiller la tête de la duègne, qui poussait des cris ; nous la mîmes dans l’impossibilité de se faire entendre. J’invitai Agnès à se retirer dans sa chambre, lui assurant que la duègne n’aurait point de mal, et l’engageant à ne pas manquer d’exécuter son plan à l’époque convenue.

Nous emmenâmes ainsi la vieille Cunégonde, et je la retins prisonnière pendant cinq jours dans mon auberge. Pendant ce temps-là je fis dire à Lucas de m’envoyer au plus tôt une voiture attelée de quatre chevaux, en sorte qu’elle arrivât à dix heures du soir au plus tard, le cinq de mai, au