Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/449

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— Vous vous oubliez, monsieur ; vous devez le respect à mon âge ainsi qu’à ma profession. Votre sœur n’est plus. Je ne vous ai caché jusqu’à présent sa mort que pour vous épargner un coup trop violent. En vérité, je suis bien mal payée de mes bonnes intentions. Et quel intérêt, je vous prie, aurais-je à la retenir ? Il m’eût suffi de connaître qu’elle désirait quitter notre communauté pour souhaiter moi-même son absence. Son séjour ici ne pouvait être d’ailleurs qu’un opprobre pour le couvent de Sainte-Claire. Votre sœur, monsieur, a trompé ma tendre affection ; elle est bien criminelle, et quand vous connaîtrez la cause de sa mort, vous vous en réjouirez. Elle tomba malade jeudi dernier, au sortir du tribunal de la pénitence. Sa maladie était accompagnée des plus étranges symptômes ; cependant, elle persistait à n’en point avouer la cause. Nous sommes toutes, grâces au ciel, trop innocentes pour en avoir eu le moindre soupçon. Imaginez quelle fut notre consternation, notre horreur, lorsqu’on nous apprit le lendemain qu’elle avait mis au monde un enfant mort en naissant, et qu’elle suivit immédiatement au tombeau. Quoi ! monsieur, je ne vois sur votre visage ni surprise, ni indignation ? Est-il