Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/452

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qu’elle parût. On l’attendait à minuit précis.

Les religieuses étaient occupées à remplir les cérémonies en l’honneur de sainte Claire et auxquelles aucun profane n’était admis. Les fenêtres de la chapelle étaient fort éclairées. On entendait du dehors les sons harmonieux de l’orgue, qui, mêlés à quelques voix de femmes, perçaient le silence de la nuit. Ce chœur cessa et l’on entendit une voix seule ; c’était celle de la personne destinée à remplir dans la procession le rôle de sainte Claire. On choisissait toujours pour cet emploi la plus belle femme de Madrid, et celle sur qui ce choix tombait le regardait comme un honneur insigne. Le peuple, attentif à la musique dont les sons éloignés n’étaient que plus doux, gardait un silence religieux. Un recueillement profond régnait dans toute la foule. Tous les cœurs étaient pénétrés de respect pour les saints mystères.

Le couvent des Dominicains n’était séparé de celui de Sainte-Claire que par le lieu de la sépulture et par le jardin. Les moines avaient été invités à assister à la procession. Ils arrivèrent alors marchant deux à deux, tenant à la main des cierges allumés, et chantant des hymnes en l’honneur de sainte Claire. Le peuple fit place à la