Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/455

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sure qu’elle avançait un murmure d’étonnement parcourait les rangs de la foule. Lorenzo lui-même s’avoua en secret qu’il n’avait jamais vu une beauté plus parfaite, mais dans l’état où se trouvait son âme, il ne la considéra que comme une belle statue. Elle n’obtint de lui que le tribut d’une admiration insensible, et lorsqu’elle fut passée il n’y pensa plus.

— Qui est-elle ? demanda un spectateur assez près de Lorenzo pour que celui-ci pût l’entendre.

— C’est, répondit quelqu’un, une jeune personne dont vous avez souvent entendu vanter la beauté. Elle s’appelle Virginie de Villa-Franca. C’est une pensionnaire du couvent de Sainte-Claire. Elle est parente de l’abbesse, et on l’a choisie avec raison pour faire l’ornement de la procession.

L’abbesse suivait le trône avec un air dévot et un maintien recueilli ; elle marchait à la tête des autres religieuses qui fermaient la procession. Sa marche était grave, ses yeux étaient levés au ciel ; sa figure calme et tranquille annonçait le détachement de toutes les choses de ce monde. Aucun de ses traits ne trahissait l’orgueil secret avec lequel elle étalait la pompe et l’opulence de sa mai-

  AMOURS. TOME 3.
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