n’avait à s’en prendre qu’aux amies qui l’avaient
défendue. Elle continua d’insister pour qu’elle
avalât le poison, lui dit d’implorer la miséricorde
de Dieu, et non la sienne, et lui assura que dans
une heure elle ne serait plus au nombre des vivants.
Voyant qu’il n’y avait aucun espoir de toucher
cette femme insensible, Agnès essaya de se
jeter à bas de son lit et de demander du secours.
Elle se flattait, si elle ne pouvait échapper au danger
qui la menaçait, d’avoir au moins des témoins
de la violence qu’on lui voulait faire. L’abbesse
devina son intention ; elle la saisit avec force par
le bras et la rejeta sur son oreiller. En même
temps, tirant un poignard et en mettant la pointe
sur le sein de la malheureuse Agnès, elle lui déclara
que si elle jetait un seul cri ou si elle tardait
encore un instant à boire le poison, elle allait le
lui enfoncer dans le cœur. Déjà à demi-morte de
frayeur, elle ne put résister plus longtemps ; la
religieuse approcha avec le funeste vase. L’abbesse
força Agnès de le prendre et d’avaler le
breuvage. La malheureuse enfant le but et le crime
fut consommé. Les religieuses s’assirent près
du lit ; aux gémissements de l’infortunée elles répondirent
par des reproches. Elles interrompaient
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