Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/70

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Des cris étouffés se firent entendre alors ; la maîtresse des novices leva les yeux, et vit plusieurs jeunes religieuses qui s’empressaient de secourir Virginia évanouie. Près d’une heure s’écoula, durant laquelle on la crut entièrement privée de vie. On la transporta dans sa cellule, où elle resta indisposée pendant plusieurs jours. Aussitôt qu’elle eut la force de se soutenir, elle alla chez l’abbesse lui demander le voile noir. L’abbesse, qui l’aimait, lui fit plusieurs observations, mais elle persista et elle prononça ses vœux quelques jours après. Le jour même de ses vœux, après l’office, comme elle traversait un des cloîtres, le vieux Francisco, jardinier du couvent, lui ayant fait quelques signes mystérieux auxquels elle ne put rien comprendre, jeta à ses pieds une lettre, puis s’enfuit tout-à-coup. Virginia reconnut l’écriture d’Eugenio, ramassa le papier avec précipitation, et elle lut :

« Si vous ne voulez pas que j’expire de douleur et de désespoir auprès de ces murs odieux qui vous cachent à mes regards, accordez-moi un quart-d’heure d’entretien. L’honnête vieillard qui vous remettra ce billet m’a promis de m’introduire ce soir, à onze heures, dans le bois de cy-