Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/75

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sespoir à la joie la plus pure. Il serrait les mains de Virginia, les couvrait de baisers, l’appelait mille fois son amante, sa femme, son unique bien, lui peignait avec feu le bonheur dont ils allaient enfin jouir, riait, pleurait, tombait à ses genoux et se livrait à tous les élans d’une âme longtemps comprimée par la tristesse qui jouit tout-à-coup du premier rayon d’un bonheur sans nuage.

Lorsqu’il fut un peu plus maître de lui-même, il traça à Virginia le plan qu’il avait imaginé. Il devait se trouver le lendemain, à pareille heure, au pied du rocher avec des chevaux et un habit de voyage pour Virginia. Francisco aurait soin, dit-il, de laisser la petite porte entr’ouverte, et Eugenio devait l’emmener avec lui jusqu’à Rome.

Virginia, faible, abattue, pouvait à peine partager la joie de son amant ; les vives émotions qu’elle avait éprouvées dans la journée venaient de redoubler la fièvre dont son sang était agité ; et lorsqu’elle se sépara d’Eugenio et qu’elle lui entendit répéter : à demain, à demain, ma Virginia, elle lui serra la main et ne put retenir ses larmes.

De retour dans la cabane de Francisco, il remit à l’honnête vieillard la somme d’argent convenue,