« Celle qui vient de terminer sa carrière n’est-elle
pas heureuse maintenant ? Ne jouit-elle pas
de la récompense que doit lui mériter une vie passée
dans la pénitence, les privations, peut-être,
hélas ! dans des peines dont elle a seule connu
toute l’amertume ? » Il marcha quelques minutes
plongé dans de semblables réflexions ; puis tout-à-coup
une idée le fit tressaillir. Il connaissait l’usage
qui permet aux hommes d’entrer dans les
monastères de religieuses pour suivre le convoi de
celle d’entre elles qui vient de mourir. L’espoir
de voir Virginia, de lui parler, le fit voler à l’église.
Il vit un sacristain occupé à draper de noir
la nef et le maître-autel.
Eugenio, frappé d’une terreur dont il ne pouvait se défendre, s’approcha d’un air timide du sacristain, et lui demanda à voix basse si le convoi devait se faire dans la matinée.
« Monsieur, répliqua cet homme, j’ignore le moment précis ; je crois cependant que c’est pour ce matin, car ce fut hier, à pareille heure, que la sœur Virginia Spazonni rendit le dernier soupir. »
Eugenio poussa un cri, fit quelques pas en chancelant comme pour sortir de l’église ; tout-à-coup ses genoux fléchirent, ses yeux s’obscurci-