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pour envoyer des colonies. Dans tous les cas, ce n’est pas une de ces colonies qui a construit les murs cyclopéens, et pour moi pélasgiques, de Segni. Segni est avec Alatri et Norba la ville qui dans cette partie de l’Italie offre les murailles à polyèdres irréguliers les mieux conservées. Cette enceinte peut se suivre encore dans toute son étendue ; elle est du style pélasgique le plus massif et par conséquent le plus ancien. D’ailleurs, nous connaissons l’architecture du temps des rois étrusques, cette architecture était étrusque ; sous les rois, les murs de Signia eussent été construits, comme le furent ceux de Rome, en blocs quadrangulaires et non en blocs irréguliers.

Circeii fut d’abord une ville pélasgique, on le voit par les débris de ses murs à construction polygonale, et son nom la rattachait aux souvenirs d’Ulysse et de Troie. À Circeii nous rencontrons la tradition homérique localisée ; nous mettons le pied dans la région de l’Odyssée, mais c’est l’extrémité de cette région vers l’Occident ; c’est le pays lointain et mal connu des Grecs, où ils reléguaient leurs fables. Homère, si exact dans la peinture des contrées que lui ou les chantres populaires ses devanciers ont pu connaître ; Homère, à cette distance, à cet horizon confus et reculé du monde de sa poésie, ne sait plus rien de la vraie configuration des lieux ; il appelle l’ile de Circé une terre basse[1]. Le

  1. Odyss., XI, 135.