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la société romaine le jour où le pouvoir absolu, qui est la mort, était tombé.

Les apologistes de Tarquin font remarquer que Rome atteignit sous lui un haut degré d’influence au dehors et de splendeur au dedans ; que, dans les commencements de la république, l’ascendant sur la confédération latine fut diminué, l’extension du territoire arrêtée ; que l’on ne construisit plus de si grands édifices, que l’on n’eut plus un commerce aussi étendu.

Tout cela est vrai ; mais par le fait de la liberté, bien qu’imparfaite d’abord et proclamée dans des circonstances fâcheuses par des chefs qui la voulaient surtout pour eux ; par cela seulement que le sentiment de la liberté était entré dans les cœurs, que quelques-uns délibéraient, que tous pouvaient réclamer, que les citoyens avaient retrouvé leur âme depuis que la volonté d’un seul ne la remplaçait plus, la vraie grandeur, la grandeur de l’individu, devint possible.

Le peuple romain, a dit Florus, était un enfant[1] ; mais les langes qui avaient emmaillotté l’enfant furent déchirés ; il put se débattre, il marcha.

Ce peuple se fortifia par une lutte incessante, il grandit, et eut bientôt regagné ce qu’il avait un moment perdu ; il reprit son ascendant sur ses voisins,

  1. Proœm., et ailleurs in cunis vagiens