Page:Ampère - L’histoire romaine à Rome, tome 2.djvu/29

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans un rapport de dépendance et de protection. Si le client a des devoirs envers son patron, le patron a des devoirs envers son client. Le client porte les armes pour son patron, et le patron plaide pour le client, même contre un homme de son sang[1]. Entre eux, nulle hostilité de race, nulle séparation de quartier.

J’en conclus que les clients, dans l’origine, étaient des Sabins. Comme la grande majorité des patriciens, ils faisaient partie des clans sabins, car leur condition inférieure et dévouée ressemble beaucoup à celle des montagnards écossais vis-à-vis de leur chef, qui était aussi pour eux un patron, comme un père, et duquel de même ils portaient le nom.

C’était parmi les clients des chefs sabins que, dans les premiers siècles de Rome, durent se trouver les artisans[2]. Les Sabins avaient appris certains arts des Étrusques, et un roi sabin, Numa, avait institué les premières corporations d’ouvriers. L’industrie était sans doute bien peu considérable à Rome, où elle est si imparfaitement développée de nos jours mais ce qu’il y en avait pouvait être sabin, comme le commerce était latin.

  1. Gell., Noct. Att., XX, I, 40.
  2. Il devait y avoir des ouvriers parmi les plébéiens latins, mais ceux-ci étaient surtout agriculteurs (Voy. Schwegler, Röm. Gesch., I, p. 630), c’était le génie de leur race. En parlant d’Ardée, ville latine, probablement comme Rome dominée par les Sabins, Tite Live distingne la plebs et les ouvriers opifices (Tit. Liv., IV, 9.)