Aller au contenu

Page:Ampère - L’histoire romaine à Rome, tome 2.djvu/397

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

si haut la voix, que le peuple l’entendait du Forum[1].

Les consuls sortaient de la curie accompagnés d’un bataillon de patriciens pour haranguer ; les plébéiens et les tribuns les repoussaient du Forum qu’ils disaient leur appartenir.

Par représailles, les tribuns convoquaient l’assemblée populaire du haut du Vulcanal, qui dominait le Comitium, et d’où les consuls avaient coutume de s’adresser aux patriciens.

Patriciens, plébéiens, lutte du privilége qui se défend et du droit commun qui réclame, combat et finit par vaincre ; voila ce qui constitue toute l’histoire intérieure de Rome pendant les premiers siècles de la république.

Un grand écrivain, un penseur aventureux, un rêveur profond, Ballanche, voyait dans cet antagonisme des deux moitiés de la société romaine l’histoire de l’humanité, dont la vie n’est qu’un duel incessant entre la résistance et le progrès, tous deux utiles dans une certaine mesure.

Il y a des temps où la lutte semble suspendue, où la société fatiguée semble immobile ; mais le travail éternel se poursuit sourdement sous cette apparente immobilité. Les deux courants contraires roulent dans les profondeurs de l’Océan, où ils sont refoulés ; la glace qui parfois couvre cet Océan les cache, mais ne

  1. Den. d’Hal., VII, 15.