Page:Ampère - L’histoire romaine à Rome, tome 2.djvu/446

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bras tous les consulats et toutes les dictatures, soutenait à lui seul les tempêtes populaires et la fougue tribunitienne. Plusieurs fois il chassa les tribuns du Forum et mit les plébéiens en déroute. Ceux qui se trouvaient sur son chemin étaient maltraités et dépouillés. Enfin un tribun perdit patience et intenta contre lui une accusation capitale pour avoir violé la sainteté du tribunat.

Le jour du jugement arrivé, l’insolence de Kæso n’était point abattue. Les plus grands personnages de Rome lui faisaient escorte, rappelaient ses exploits militaires, cherchaient à excuser ses violences par l’ardeur d’une nature généreuse. Plus prudent, Cincinnatus son père ne le louait point, mais demandait grâce pour l’erreur de sa grande jeunesse, priant qu’on pardonnât à son fils à cause de lui dont on n’avait jamais eu à se plaindre. On lui répondait par des imprécations qui annonçaient ce que serait le jugement. Un témoin terrible parut. Volscius Fictor, ancien tribun, vint dire qu’un jour son frère, encore malade des suites d’une contusion, avait rencontré dans la Subura, le quartier populaire, une troupe de jeunes patriciens qu’on peut avec quelque vraisemblance supposer sortant de ces lieux mal famés qui abondaient dans la Subura ; il ajoutait qu’une rixe s’était élevée et que son frère, frappé d’un coup de poing par Kæso, — les coups de poing jouent un grand rôle dans les luttes politiques de cette époque, — avait été emporté chez lui et y était