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se passe dans le Forum sans en sortir ; là fut représentée la tragédie tout entière.

Nous y voyons d’abord venir une très-jeune fille[1], presque adolescente. Les yeux baissés, elle se glisse avec sa nourrice à travers la foule, pour aller étudier dans l’école qui se trouve parmi les boutiques dont le Forum est environé ; car les lettres, enseignées par des esclaves ou des affranchis, étaient considérées comme une marchandise, et avaient leur boutique au Forum, où elles se vendaient comme une autre denrée. Virginie traverse timidement ce lieu bruyant, ce centre de Rome où se pressent et les acheteurs et ceux qui viennent assister aux jugements des décemvirs, ces magistrats d’abord si populaires, maintenant si tyranniques. On ne s’y rend plus pour écouter les orateurs parler à la tribune, car maintenant la tribune est muette. Une sourde irritation se lit sur le visage des plébéiens, que leurs affaires ou la curiosité attirent au Forum. Une tristesse grave et morne est peinte sur le front des patriciens, silencieusement assis dans le Comitium.

Tout à coup, un client d’Appius, et qui, pour cette raison, portait son nom, Marcus Claudius, s’avance à

  1. Virginie allait dans le Forum pour apprendre à lire et à écrire ; très certainement à cette époque une jeune plébéienne ne pouvait recevoir une autre éducation littéraire. Pour être la fiancée d’Icilius, il suffisait qu’elle eût atteint l’âge nubile, qui légalement était l’âge de douze ans. Si, comme il est vraisemblable, elle l’avait dépassé, ce devait être de bien peu, puisqu’elle allait encore à l’école.