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maître de cavalerie pour exécuter ses ordres absolus. Tous les pouvoirs lui étaient subordonnés, il était irresponsable[1].

Telle fut cette magistrature formidable que les Romains dans les temps de crise élevaient au-dessus de la liberté publique pour le salut de l’État.

Il semble qu’elle eût dû être dangereuse pour cette liberté. Elle ne le fut jamais. Quand un peuple sait être libre, on ne peut abuser de rien contre lui.

D’abord le dictateur, qui avait le souverain commandement, n’avait pas pour cela tous les droits, il ne pouvait ni faire ni même proposer des lois, il ne pouvait disposer des finances de l’État[2]. Il ne pouvait sortir d’Italie[3]. Dans Rome il ne pouvait monter à cheval sans la permission du sénat[4]. Cette interdiction qui semble insignifiante l’avertissait qu’il n’était pas roi.

Mais ce qui empêchait surtout la dictature de devenir une tyrannie, c’est qu’elle n’était conférée que pour six mois ; et il est presque sans exemple que celui qui en était revêtu ne l’ait pas déposée avant d’avoir atteint le

  1. Den. d’Hal., V, 70, VII, 56. Plut., Fab., 3.
  2. Lyd., de Magist., I, 36. Zonar., VII, 13.
  3. Tit. Liv., XXVII, 5. D’abord son pouvoir ne s’étendait pas hors de l’ager romanus. (Beck., Handb., II, p. 160.) Il dépassa cette limite quand la conquête romaine l’eut franchie. Mais on ne permit jamais qu’il s’exerçât au delà des frontières de l’Italie. On ne voulait pas que ce pouvoir s’étendit si loin, et pût ainsi se soustraire à la surveillance du sénat.
  4. Tit. Liv., XXIII, 14. Zonar., VII, 13. Plut., Fab., 4.