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conjurer la jalousie des dieux et des hommes par le moindre malheur possible. » C’est ce que le sort ne devait accorder ni à lui ni à Rome, car il devait être banni par ses concitoyens et Rome prise par les Gaulois.

Véies fut dépeuplée, on vendit tous ceux de ses habitants qu’on n’avait pas égorgés, ce qui m’empêche d’être fort touché des larmes que Camille répandit sur Véies comme Scipion Æmilien sur Carthage. Au centre de l’ancienne enceinte s’éleva un municipium romain dont quelques restes ont été reconnus[1], mais tout alentour demeura la solitude, et Properce a pu peindre un berger couché sur les ruines de Véies, des laboureurs qui moissonnent au milieu de ses débris.

« Nunc intra muros pastoris buccina lenti
Gantât, et in vestris ossibus arva metunt.
 »

C’est comme quand, à propos de Fidène et de Gabie, qui semblent avoir subi également une destruction partielle, Horace s’écrie « Quoi de plus désert que Fidène et que Gabie[2] ! » quand Lucain dit[3] qu’un jour, Gabie, Véies,

  1. On y a trouvé les têtes colossales d’Auguste et de Tibère, et la statue assise de Tibère, qui sont au Vatican. Vingt-quatre colonnes, transportées de Véies à Rome, ont servi à décorer, les unes la nouvelle église de Saint-Paul, les autres un édifice sur la place Colonne. C’est le dernier exemple de colonnes volées à un monument antique pour embellir une construction moderne. Je voudrais, mais je n’ose espérer, que ce soit réellement le dernier.
  2. Hor., Ep. I, 11, 7.
  3. « … Gabios, Veiosque Coramque
    Puivere vix tactæ poterunt monstrare ruinæ.
     »
                          Phars., VII, 393.