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Il marcha en silence[1] jusqu’à la porte Trigemina[2] ; arrivé là, il s’arrêta, se retourna vers le Capitole, et, tendant les mains vers la sainte colline qui avait vu l’éclat de son triomphe, il pria les dieux, si le traitement qu’il recevait des Romains n’était pas mérité, que ce peuple ingrat eût un jour besoin de Camille.

Sa prière devait être exaucée. Les Gaulois approchaient, précurseurs lointains des futures invasions barbares.

On supposa plus tard que la venue de ce peuple formidable avait été annoncée miraculeusement. On racontait qu’un Romain, nommé Marcus Cædicius, revenant le soir, par la rue Neuve et passant entre le bois Sacré et le temple de Vesta, avait dans ce lieu, auquel l’ombre du Palatin donne encore aujourd’hui un sombre aspect, entendu une voix plus forte qu’une voix humaine lui dire : « Va, Marcus Cædicius, et avertis les chefs de l’État que l’arrivée des Gaulois est proche. » S’il y a quelque chose de vrai dans ce récit, on peut soupçonner que le sénat, sachant qu’en effet les Gaulois approchaient, avait fait parler la voix pour exciter le peuple à marcher contre eux. Un double monument

  1. Plut., Camill., 12.
  2. On pouvait aussi se rendre à Ardée en sortant de Rome par la porte Capène ; mais de cette porte Camille n’aurait pu tendre les mains vers le Capitole, qui, pour lui, aurait été masqué par le Palatin.