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que les autres, par une espièglerie assez française, se mit à caresser la barbe de l’une de ces statues. Aussitôt le bâton d’ivoire de Papirius le frappa rudement[1].

Ce fut le signal de l’égorgement des vieux patriciens, ce fut le signal de la dévastation, de l’incendie[2] et du massacre de ceux qui étaient restés dans la ville : triste spectacle pour les défenseurs du Capitole. Cette vue ne fit point fléchir leur courage ; ils demeurèrent fermes sur cette petite colline, qui était Rome tout entière et contenait tout l’avenir de Rome[3].

Rassasiés de pillage, les Gaulois tentèrent d’emporter la citadelle par une impétueuse attaque. Au lever de l’aurore, on les vit se rassembler dans le Forum et, poussant des cris, couvrant leurs têtes de leurs boucliers, s’élancer par la montée triomphale. Les Romains ne leur en laissèrent pas atteindre le sommet ; ils les arrêtèrent à demi-hauteur[4] et se précipitèrent d’en

  1. Il faut encore faire honneur de ce beau trait à l’énergie sabine. Les Papirii ou Papisii étaient Sabins. Celui qui frappa le Gaulois s’appelait Papirius Manius (Plut., Camill. 22), de manus, bon, en sabin. Les Papirii avaient des surnoms en o, Carbo, Maso. Leur nom ressemble à celui des Papii ; Papius est un nom samnite.
  2. Tout fut brûlé, excepté quelques maisons sur le Palatin, parce que les chefs des Gaulois y avaient établi leur demeure.
  3. Les Romains avaient de l’eau. Niebuhr croit les puits qu’on reconnait encore dans l’intérieur du Capitole aussi anciens que l’occupation des Gaulois ; plus tard, on n’eût pas eu besoin de les creuser.
  4. Medio fere clivo resistere. (Tit. Liv., V, 43.) Un peu au-dessus du temple de Saturne. Les Gaulois, pour arriver à la citadelle, avaient