Page:Ampère - L’histoire romaine à Rome, tome 2.djvu/559

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

humiliée, il y avait là plus encore que dans les railleries permises au soldat de quoi tempérer l’ivresse du triomphe.

Peu de récits d’ailleurs étaient aussi hardiment faux que le récit suivi par Tite Live ; dans la plupart on cherchait à faire un compromis entre l’orgueil et la vérité. Les Gaulois avaient emporté l’or des Romains, mais Camille le leur avait repris[1], les avait exterminés à huit milles de Rome, sur la route de Gabie et tué leur chef en lui disant a son tour : Malheur aux vaincus[2]. Il fallait bien que les Romains eussent leur revanche.

Rome délivrée des Gaulois, une question s’agita qui importait beaucoup à la composition future de ce livre, car elle eût pu être tranchée de telle sorte qu’il s’arrêterait ici. Les plébéiens, les tribuns en tête, voulaient aller habiter Véies ; les patriciens, plus enracinés au sol, repoussèrent obstinément un tel dessein, et Camille le fit abandonner. L’imagination a peine à se persuader que Rome eût pu être ailleurs que là où elle est aujourd’hui. Quoi ! ses collines seraient un lieu abandonné où l’on viendrait voir le soleil se coucher dans la solitude, tandis qu’à l’isola Farnèse s’élèveraient les ruines du Colisée  !

Camille insista sur ce fait que le sol de Rome

  1. Selon Diodore de Sicile (XIV, 117), en Étrurie ; suivant Servius (Æn., VI, 826), en Ombrie.
  2. Fest., p. 372.