Page:Ampère - L’histoire romaine à Rome, tome 2.djvu/569

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Deux tribuns gagnés par le sénat, ou jaloux de la popularité de l’aristocrate, offrirent de l’accuser, et sa noble famille l’abandonna ; personne dans cette famille ne prit des vêtements de deuil, selon l’usage, le jour où il parut devant les centuries assemblées dans le champ de Mars. On comptait, pour le faire condamner, sur le jugement des centuries où les plébéiens dominaient ; car on était parvenu à leur faire croire que Manlius voulait se faire roi.

Cependant la gloire de Manlius faillit le sauver. D’abord il fit comparaître dans le champ de Mars quatre cents citoyens qu’il avait défendus de la ruine et de la prison, et auxquels il avait avancé de l’argent sans intérêt, libéralité de mauvais exemple que les patriciens étaient bien aises de décourager ; puis il montra les dépouilles des ennemis tués de sa main, au nombre de trente, les récompenses militaires qu’il avait reçues, au nombre de quarante, parmi lesquelles deux couronnes murales et huit couronnes civiques. Il produisit les citoyens romains qu’il avait arrachés à l’ennemi ; l’un d’eux, qu’il ne put présenter mais qu’il nomma, était Servilius Ahala, maître de la cavalerie et son ennemi acharné. Puis après avoir dit tout ce qu’il avait fait pour sa patrie, il découvrit sa poitrine couverte de cicatrices et se tournant vers le Capitole[1], il invoqua Jupiter et les autres divinités qui

  1. La scène devait se passer dans les Septa, lieu-alors découvert, d’où l’on ne saurait voir aujourd’hui le Capitole, parce que cette