Page:Ampère - L’histoire romaine à Rome, tome 2.djvu/82

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Je ne suis pas convaincu qu’ils ne fussent point des paysans véritables, des Sabins de la montagne, détestant le roi intru, et qu’on avait décidés à faire un mauvais coup. Toute cette foule pénètre dans la maison d’Ancus, et les bûcherons continuent devant lui à se disputer avec violence.

À la manière des paysans, embarrassés dans leur feinte plaidoirie, ils s’embrouillèrent, et, ce qui est bien dans le caractère de la foule partout mobile, particulièrement d’une foule romaine, on se mit à rire. Alors ; saisis d’une colère simulée ou peut-être véritable, ils s’en prirent au roi, le frappèrent à la tête avec leur serpe, et, le laissant pour mort, s’enfuirent à la montagne, à la Macchia, sans être arrêtés, pas plus qu’on ne l’est à Rome pour un assassinat commis comme celui-ci en plein midi, pas plus que ne l’a été le meurtrier de Rossi.

Il est impossible de ne pas reconnaître dans ce récit de la mort d’Ancus le caractère de la tradition populaire, un caractère de simplicité et de rusticité qu’on n’aurait pas imaginé plus tard. Pour moi, c’est là le critérium de la vérité, au moins de la possibilité des faits dont se compose l’histoire de Rome dans les premiers temps.

Quand la tradition fait agir des pâtres brutaux comme agiraient les paysans de l’Agro Romano ou de la Sabine, qui ressemblent assez aujourd’hui à ce qu’ils étaient au temps de Tarquin, je me dis que la