Page:Ampère - L’histoire romaine à Rome, tome 2.djvu/9

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elle se bornait pour Ancus à dire qu’il avait fait demander aux prêtres, sans doute pour montrer qu’il n’était point un ennemi des dieux comme l’était son prédécesseur, et avait fait graver sur des tables de bois, les ordonnances religieuses de Numa, puis les avait exposées dans le forum ; mais ces tables ayant péri, avec elles s’était effacée toute trace de son zèle pour la religion, qui aurait dû, ce semble, s’il eût été bien réel, laisser de plus durables monuments.

Dans tous les cas, si Ancus Martius commença par s’occuper de religion, et si, comme le dit Tite Live, ce fut sa réputation de piété qui encouragea les Latins à lui déclarer la guerre, pensant qu’ils auraient bon marché d’un roi dévot, il leur fit voir qu’on l’avait mal jugé.

Je crois bien plutôt que les Latins prirent les armes contre Ancus pour venger la destruction d’Albe, leur métropole, destruction accomplie par son prédécesseur, et pour arrêter l’envahissement sabin, lequel, après avoir franchi l’Anio, menaçait toute la rive gauche du Tibre jusqu’à la mer qu’il devait atteindre sous Ancus. Pour moi, le roi Ancus le Martial est ce que le montrent les faits, un roi conquérant, et le premier qui ait donné au territoire romain une extension véritable. Romulus avait pris Antemne et Cæcina tout près de Rome, Crustumerium du côté de la Sabine, et, quant à cette dernière ville, il ne l’avait pas conservée ; car, selon Tite Live et Denys d’Halicarnasse, sous le