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LES MAÎTRES DE LA PENSÉE SCIENTIFIQUE

je me propose de faire construire deux conducteurs mobiles sous une même cage de verre, en sorte qu’en les rendant, ainsi qu’un conducteur fixe commun, partie d’un même circuit, ils soient alternativement tous deux attirés, tous deux repoussés, ou l’un attiré, l’autre repoussé en même temps, suivant la manière dont on établira les communications. D’après le succès de l’expérience que m’a indiqué M. le marquis de Laplace, on pourrait, au moyen d’autant de fils conducteurs et d’aiguilles aimantées qu’il y a de lettres, et en plaçant chaque lettre sur une aiguille différente, établir à l’aide d’une pile placée loin de ces aiguilles, et qu’on ferait communiquer alternativement par ses deux extrémités à celles de chaque conducteur, former une sorte de télégraphe propre à écrire tous les détails qu’on voudrait transmettre, à travers quelques obstacles que ce fût, à la personne chargée d’observer les lettres placées sur les aiguilles. En établissant sur la pile un clavier dont les touches porteraient les mêmes lettres et établiraient la communication par leur abaissement, ce moyen de correspondance pourrait avoir lieu avec assez de facilité, et n’exigerait que le temps nécessaire pour toucher d’un côté et lire de l’autre chaque lettre[1].

Si le conducteur mobile, au lieu d’être assujetti à


  1. Depuis la rédaction de ce Mémoire, j’ai su de M. Arago que ce télégraphe avait déjà été proposé par M. Sœmmering ; à cela près qu’au lieu d’observer le changement de direction des aiguilles aimantées, qui n’était point connu alors, l’auteur proposait d’observer la décomposition de l’eau dans autant de vases qu’il y a de lettres.