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Page:Anatole France - Balthasar.djvu/102

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réponse aux murmures de ses disciples grossiers.

— Pourquoi reprenez-vous cette femme ? avait-il dit. Ce qu’elle m’a fait est bien fait. Car vous aurez toujours parmi vous des pauvres ; mais moi, vous ne m’aurez pas toujours. Elle a d’avance parfumé mon corps pour ma sépulture. En vérité, je vous le dis, dans le monde entier, partout où sera prêché cet Évangile, on racontera ce qu’elle a fait et elle en sera louée.

Elle expliqua ensuite comment Jésus avait chassé les sept démons qui s’agitaient en elle.

Elle ajouta :

— Depuis lors, ravie, consumée par toutes les joies de la foi et de l’amour, j’ai vécu dans l’ombre du maître comme dans un nouvel Éden.

Elle parla des lis des champs qu’ils contemplaient ensemble et du bonheur infini, du seul bonheur de croire. Puis elle dit comment il avait été trahi et mis à mort pour le salut de son peuple. Elle rappela les scènes ineffables de la passion, de la mise au tombeau et de la résurrection.

— C’est moi, s’écria-t-elle, c’est moi qui l’ai