Page:Anatole France - Balthasar.djvu/101

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— Comme je suis heureuse et combien je te rends grâce !

— Je le savais, répondit Marie-Madeleine, et je viens, Læta Acilia, t’instruire dans la vérité du Christ Jésus.

Alors la Massaliote renvoya ses esclaves et tendit à la juive un fauteuil d’ivoire dont les coussins étaient brodés d’or. Mais Madeleine, repoussant ce siège avec dégoût, s’assit à terre, les jambes croisées, au pied du grand platane, que les souffles de l’air remplissaient de murmures.

— Fille des gentils, dit-elle, tu n’as pas méprisé les disciples du Seigneur. Ils avaient soif et tu leur as donné à boire ; ils étaient affamés et tu leur as donné à manger. C’est pourquoi je te ferai connaître Jésus comme je l’ai connu, afin que tu l’aimes comme je l’aime. J’étais une pécheresse quand je vis pour la première fois le plus beau des fils des hommes.

Et elle conta comment elle s’était jetée aux genoux de Jésus, dans la maison de Simon le Lépreux, et comment elle avait versé sur les pieds adorés du nabi tout le nard contenu dans un vase d’albâtre. Elle rapporta les paroles que le doux maître avait prononcées alors, en