Page:Anatole France - Balthasar.djvu/180

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blement armés, en embuscade dans toutes les anfractuosités du rocher.

L’arc bandé ou la lance en arrêt, ils se tenaient immobiles. Leurs tuniques de peaux de bêtes et de longs couteaux pendus à leur ceinture rendaient leur aspect terrible. Du gibier de poil et de plume gisait à leurs côtés. Mais ces chasseurs, à ne regarder que leur visage, n’avaient pas l’air farouche : ils paraissaient au contraire doux et graves comme les Nains de la forêt, auxquels ils ressemblaient beaucoup.

Debout au milieu d’eux se tenait un Nain plein de majesté. Il portait à l’oreille une plume de coq et au front un diadème fleuronné de pierres énormes. Son manteau, relevé sur l’épaule, laissait voir un bras robuste, chargé de cercles d’or. Un oliphant d’ivoire et d’argent ciselé pendait à sa ceinture. Il s’appuyait de la main gauche sur sa lance dans l’attitude de la force au repos, et il tenait la droite au-dessus de ses yeux pour regarder du côté d’Abeille et de la lumière.

— Roi Loc, lui dirent les Nains de la forêt, nous t’amenons la belle enfant que nous avons trouvée : elle se nomme Abeille.