Page:Anatole France - Balthasar.djvu/181

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— Vous faites bien, dit le roi Loc. Elle vivra parmi nous comme le veut la coutume des Nains.

Puis, s’approchant d’Abeille :

— Abeille, lui dit-il, soyez la bienvenue.

Il lui parlait avec douceur, car il se sentait déjà de l’amitié pour elle. Il se haussa sur la pointe des pieds pour baiser la main qu’elle laissait pendre, et il l’assura que non seulement il ne lui serait point fait de mal, mais encore qu’on la contenterait dans tous ses désirs, quand bien même elle souhaiterait des colliers, des miroirs, des laines de Cachemire et des soies de la Chine.

— Je voudrais bien des souliers, répondit Abeille.

Alors le roi Loc frappa de sa lance un disque de bronze qui était suspendu à la paroi du rocher, et aussitôt l’on vit quelque chose venir du fond de la caverne en bondissant comme une balle. Cela grandit et montra la figure d’un Nain qui rappelait par le visage les traits que les peintres donnent à l’illustre Bélisaire, mais dont le tablier de cuir à bavette révélait un cordonnier.

C’était, en effet, le chef des cordonniers.

— Truc, lui dit le roi, choisis dans nos maga-